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Au XIXe et XXe siècles, une voie ferrée relie la Rive Droite de Bordeaux (Gare de Bordeaux Passerelle) à la ville de La Sauve, puis à Eymet, en Dordogne.

De la Passerelle à La Sauve


Créée en 1873 à l'initiative de la « Compagnie de la Sauve », la voie permettait le transport de fret, en particulier de pierres calcaires de l'entre-deux-mers destinées aux constructeurs bordelais. Rapidement, le trafic de fret s'accroît ainsi que celui des passagers. Passée sous le contrôle de la Compagnie des Charentes en 1874, la voie sera acquise par l'Etat français en 1878 dans le cadre d'un vaste plan de rationalisation des transports ferroviaires puis cédée à la compagnie du Paris-Orléans en 1883.

Au cours des années 1880, un raccordement est créé qui permet l'embarquement des voyageurs à la Gare d'Orléans. La gare de Bordeaux-Passerelle est alors uniquement dédiée au trafic de fret.

Vue arienne de la Voie Eymet dans les annes 30

En 1899, la ligne de La Sauve est prolongée vers Eymet, en Dordogne.


L'auto m'a "tuer"


Après la seconde guerre mondiale, l'essor de l'automobile et l'amélioration du réseau routier porteront un coup fatal au transport de passagers et, à compter de 1951, la voie sera exclusivement dédiée au transport de marchandises. Deux ans plus tard, la voie sera démantelée à partir de Sauveterre, seul le tronçon Bordeaux / Sauveterre de Guyenne demeurant exploité. En 1987, le trafic s'arrête à Espiet. En 1994, la ligne est désaffectée.

De Latresne à Sauvetterre de Guyenne, la voie a été transformée en piste cyclable et lieu de balades par le Conseil Départemental de la Gironde et porte aujourd'hui le nom de piste Roger Lapébie. La gare de Bordeaux - Passerelle démolie, seul subsistait un tronçon de 5 km entre Bordeaux et la Gare de la Souys, à Floirac dont une partie a été transformée en cheminement piétons - vélos.

Un cheminement pas si doux


Désireux de vérifier l'existence d'un cheminement praticable qui relierait Bordeaux à Bouliac (et peut-être au-delà), j'ai, au cours d'une journée de l'été 2017, décidé d'emprunter à pied la voie depuis l'emplacement de l'ancienne gare de Bordeaux. Parti du quai de La Souys, j'ai pu longer l'ancien tracé, reconnaissable à la présence quasi continue de restes de ballast, poteaux de signalisation et, ça et là, de quelques rails. La voie s'enfonce en direction des coteaux, perpendiculairement au fleuve, se glissant entre différents établissements industriels, certains abandonnées, d'autres en activité. Au niveau de la Cité du midi, la trace prend la direction du sud-est. C'est cette portion, qui longe le nouveau quartier floiracais des Etangs, qui a été récemment transformée ; une piste piétonne longeant l'ancienne voie. Passés les Etangs, la voie redevient friche mais demeure praticable jusqu'à l'ancienne gare de La Souys. Ensuite, seuls les restes de ballast indique qu'il s'est trouvé là un chemin de fer. Passé la rue Pinel, la trace se perd. S'il subsiste un semblant de chemin, les grands ronciers et une végétation aussi dense qu'incontrôlée empêchent toute progression. Il faudra revenir avec une machette !

J'ai donc décidé de contourner l'obstacle en empruntant la rue Gaston Cabanes jusqu'à une petite cité pavillonnaire datant probablement du milieu du XXe siècle, peut être des maison de cheminots (?).

De là, j'ai pu rejoindre l'arrière du centre commercial "de Bouliac" et traverser la rocade en passant par le tunnel du ruisseau de Jacotte. Il est évident que les bouleversements du paysages causés par le passage de la Rocade Rive Droite ont effacé toute trace de l'ancienne voie de chemin de fer. C'est donc là que s'est arrêté mon petit voyage, la carte m'indiquant une longue ligne droite  entre ma position et Latresne où commence la piste Lapébie.

Un enjeu paysager et urbain